Des "Bleus" à l'âme : une analyse spirituelle du naufrage du football français

Le torchon brûle et l'équipe de France de football s'apprête à revenir en France par la petite porte sous les lazzis et la violence de la critique nationale et internationale. A défaut d'avoir pu créer un "esprit de groupe", elle a su créer un "collectif" autour de son propre rejet. Sans juger la responsabilité de chacun et le détail de ce triste feuilleton, au sens spirituel et ontologique du terme, cet évènement pourrait inspirer les réflexions suivantes :

Où est la joie ?

Où est la joie des joueurs à être présents sur le terrain, à exprimer leur "envie d'eux-mêmes" et ce qu'ils sont vraiment, à représenter cet idéal de partage, d'intégration raciale ou culturelle, de santé physique et à une moindre échelle (pour les tenants de l'holisme planétaire) de représentation nationale ? Où est la joie d'avoir été sélectionné et de pouvoir librement exprimer ses talents, de montrer du beau jeu, de transmettre une vibration de plaisir aux supporters et à des métropolitains restés dans la grisaille ? Comment leur expliquer que plus encore que des sportifs, ce sont des artistes talentueux qui sont là pour susciter une émotion collective et unitaire ? Comment expliquer qu'au-delà d'eux-mêmes, ces 11 joueurs (2 fois l'unicité) représentent une forme de totalité qui les dépasse ?

Cette question-là est sans doute à poser à l'ensemble des joueurs de l'équipe.

Où est l'Unité ?

En matière sportive comme en économie au sein de l'entreprise (et plus globalement en matière politique), l'équipe l'emporte sur l'individu. Gengis Khan (12è S) réunit un jour ses officiers et demande à chacun une flèche de leur carquois. Il invite alors l'un de ses officiers (particulièrement vaniteux et individualiste) à casser une flèche qu'il parvient à rompre sans difficulté. Puis il demanda à ce même officier de réunir les flèches de chacun des officiers en faisceau et de tenter de les briser de la même manière, ce qu'il fit en vain. La démonstration était faite de la puissance démultipliée de la réunion des talents individuels de chacun. Le groupe peut atteindre des résultats que la somme des individualités ne peut obtenir, sans compter que sa propre division accentue l'Unité de l'équipe adverse. L'Unité, c'est donc l'Unité du Groupe (les joueurs entre eux de même que les joueurs avec leur entraineur) mais également l'Unité avec l'équipe adverse (on est pareils et que le meilleur gagne, le plaisir et l'émotion devraient être les seuls gagnants) ce qui suppose un respect qu'on ne voit pas toujours à l'écran notamment au niveau des tibias, Unité enfin avec ceux qui regardent dans l'émotion du plaisir planétaire partagé.

cette question-là est sans doute à évoquer avec l'ensemble des équipes en lice.

Où est le talent ?

N'étant pas un expert du ballon rond, je me garderai bien d'apprécier la qualité technique des joueurs de Raymond Domenech. En revanche et complémentairement aux nécessaires aptitudes techniques que chaque joueur doit posséder, je cherche encore les talents plus subtils de l'envie de gagner ensemble ou du dépassement de soi pour y parvenir. Côté sélection, comme en biologie, une équipe est un organe vivant composé de cellules qui doivent chacune coopérer avec l'autre sous peine de rejet ou de métastase. La sélection des cellules gagnantes est un art qui nécessite d'identifier non seulement leurs capacités techniques mais également les talents en matière de volonté de gagner et de gagner ensemble, dans la coopération et le respect de la règle. Cet exercice délicat peut parfois amener le laborantin à éliminer une cellule objectivement plus performante mais susceptible de compromettre la réussite de l'expérience.  

Ces questions-là sont à remonter au sélectionneur de l'équipe de France.

Où est la mobilisation d'énergie que permet l'argent ?  

L'argent n'est ni bon ni mauvais. Il est ce que l'on en fait et agit conformément à l'intention qui est la nôtre au moment de son utilisation. L'argent est un moyen de mobiliser l'énergie sans préciser la nature de celle-ci. De fait, quelle est l'intention sous-jacente au monde du football : égocentrée ou partagée ? Mise au service de l'individu, de la société marchande ou de la communauté ? Pourquoi faut-il aller chercher cette expérience sensitive plutôt vers les équipes des pays en voie de développement ? L'envie de s'en sortir et l'expression d'une forme d'instinct de survie ? La fierté nationale et la recherche du prestige ? Ce disant, l'argent pléthorique et l'égo mal canalisé (ma carrière et mon spot télé  d'abord plutôt que "mon ego au service de l'équipe") ne sont-ils pas les premiers responsables de cette défaite planétaire ?

Ces questions-là sont sans doute à porter à la connaissance de la Présidence de la Fédération nationale. 

Des pistes, des réponses ?

Les désirs fondamentaux des individus conduisent à la Joie et la Joie peut conduire à la victoire. Vouloir accéder à la victoire suppose de faire courir des hommes qui ont plaisir à se trouver là, qui ont les talents pour s'y trouver, qui mettent leur ego au service du collectif et pour qui l'argent est une conséquence plutôt qu'une finalité. On trouve ici réunis les ingrédients requis pour aider l'équipe de France à rebondir en n'oubliant pas que tout cela reste un jeu, mais un jeu important puisque planétaire, ayant un impact économique (voire psychologique) notable et qui porte en lui la concrétisation du partage de l'émotion et de l'Unité humaine retrouvés.

Bon courage au prochain sélectionneur.