Surgissement d'un nouveau monde

Je viens de terminer la lecture du livre de Marc Luyckx Ghisi : « Surgissement d’un nouveau monde : valeurs, vision, économie, politique… tout change » aux éditions de l’Harmattan (260 pages).

Agé aujourd’hui de près de 70 ans, l’auteur a été prêtre, puis conseiller européen (Cellule de prospective) puis écrivain/conférencier. Docteur en théologie notamment, il est aujourd’hui un des conseillers de la cité idéelle indienne d’Auroville.

Prospectiviste, il nous emmène dans un voyage vers l’avenir et vers-nous-mêmes en nous expliquant que notre histoire s’est déroulée en 3 étapes principales : la pré-modernité (système agraire, féodal ou esclavagiste…) basé sur une autorité séculière (le seigneur) ou religieuse (Dieu, le clergé…). Puis la phase de modernité dans laquelle nous nous trouvons toujours basée sur l’autorité de la déesse raison, la rationalité pure sans Dieu ni sens mais qui a permis la satisfaction de nos besoins primaires (manger, se loger, s’instruire…). Son organisation archétypale est la pyramide avec un patron et des exécutants. On aurait pu poursuivre encore longtemps cette phase civilisationnelle si cette étape n’aboutissait pas à l’anéantissement des ressources de la planète et à l’expression même de la vie terrestre (augmentation de la température, pollution de l ‘air, épuisement des ressources, baisse de la biodiversité…). De fait, il en appelle et nous amène à constater qu’émerge de manière silencieuse et transparente une phase qu’il appelle « Transmodernité », impulsée surtout par les femmes et au plus près de la réalité. C’est une pulsion de vie qui reconnait la nécessité de retrouver les bienfaits de la relation avec soi-même et avec l’autre, l’importance de respecter la nature, le besoin de partage et l’importance du réseau, s’ouvrir à la non-violence (entre individus, entre Etats…) et à la tolérance. La connaissance est au cœur de ce nouveau paradigme.

La séquence relative à l’éducation est passionnante. En marge du système éducatif ou universitaire actuel, il fait notamment référence à une Université à l’envers qui commencerait par des stages en entreprises (4 fonctions en un an) avant de se spécialiser dans les secteurs qui nous motivent et qui nous inspirent. L’étudiant serait sûr à la sortie de trouver un emploi en correspondance avec les besoins de nos organisations. L’école de son côté devrait permettre l’épanouissement corporel, émotionnel, psychique et… spirituel (ce sera plus dur dans une société laïque) de l’enfant. Chaque enfant aiderait celui qui a plus de mal à comprendre…

En phase avec 90% du contenu, une section aurait gagné à être développée plus avant : l’ère de la connaissance qui est devant nous va détruire des emplois : des robots remplaceront les hommes et les emplois supprimés (par le numérique notamment) ne seront pas à proportion remplacés par des emplois humains. Comment résoudre cette équation redoutable ? Une lecture hautement roborative dans tous les cas… A lire d’urgence .111.

Citations :

« La connaissance est comme l’amour humain. Plus on la partage, plus on en reçoit ».

« Si vous coupez les citoyens de leur culture, vous tuez (à terme) les racines de leur créativité ».

« Il n’y a plus de progrès si l’Humanité ne va pas vers un avenir soutenable ».

« Impossible de créer de la connaissance en fonctionnant en pyramide ».

« Dans ce contexte de plus en plus global, la guerre entre Etats devient progressivement un anachronisme ».