"54 expériences de spiritualité quotidienne" de José Le Roy et Lorène Vergne

Je viens de terminer la lecture des « 54 expériences de spiritualité quotidienne » de José Le Roy et Lorène Vergne aux Editions Almora. Ingénieur et agrégé de philosophie, José Le Roy a été un ami proche du philosophe et mystique anglais Douglas Harding. Comme l’évoque la 4è de couverture, ce dernier a développé un ensemble original d’expériences spirituelles capables de nous éveiller de manière simple et radicale à notre vraie nature sans référence à aucune croyance religieuse ou spirituelle. Ces 54 expériences ont pour but de nous éveiller et de nous faire prendre conscience du caractère illimité de notre Soi et du « Je suis ».

Nous pensons être un individu limité, humain, mortel, limité par notre corps, nos pensées, nos sensations, prisonniers de nos émotions. Les expériences développées par Harding nous parlent de l’éveil, de la prise de conscience de ce qui est déjà en nous : « Nous sommes déjà le Soi mais nous ne le savons pas et il nous faut en prendre conscience. L’éveil est cette prise de conscience ». De fait, aucun individu jamais ne s’éveille mais il ne fait que céder la place au Soi qui était déjà là. Lorsque le Soi est là, l’individu disparaît du centre de notre vie pour laisser la place à une conscience universelle, une vacuité impersonnelle sans limite et sans forme, une « présence non-humaine immobile, hors du temps et de l’espace, immense non chose englobant toutes choses ».

Ces 54 expériences sont très simples à réaliser. Elles peuvent se réaliser seul ou en groupe. Chacune d’elle dure généralement de 5 mn à 15 mn.

Mon analyse :

Très simple d’approche, ce livre est accessible au plus grand nombre. La facilité d’accès des expériences présentées en fait un livre d’ouverture sur l’illimité et le Soi de premier plan. C’est un livre d’initiation destiné à ceux qui n’ont pas encore éprouvé l’expérience de la non limitation et de l’universel. Un livre de passage et de transition. Il permet de mieux accéder à la notion de dépassement de soi et à la vacuité. Sa vie peut déjà prendre une dimension qui dépasse plus largement sa propre dimension corporelle, psychique ou émotionnelle et permettre d’aller outre le train-train matérialiste quotidien.

Au-delà et fondamentalement, le livre ne dit pas quoi faire du résultat de l’expérience. Une fois acquise la perception de la vacuité, on devient effectivement un « homme sans tête ». Mais qu’elle est la finalité de l’homme sans tête ? Quelle est la suite du film ? Le livre en parle de manière feutrée et tangentielle : l’ouverture à la vacuité et à l’illimité devrait nous ouvrir au beau et à l’amour. Les auteurs l’évoquent trop rapidement en citant le maître indien Nisargadatta Maharaj : « Voir que je ne suis rien, c’est la sagesse ; voir que je suis tout, c’est l’amour ».

Au-delà des marches de la vacuité se trouve l’amour. Au-delà de l’homme sans tête se trouve le cœur. La découverte de la vacuité est une étape vers la découverte ultime que l’univers provient d’une force d’Amour que l’on pourrait appeler le Tout. Cette dernière idée aurait eu intérêt à être davantage intégrée et développée. Une bonne idée pour le prochain livre peut-être…

Bonne lecture. 111.